Contes de la Vie Ordinaires -TABLEAU 9

Contes de décence commune / Un amour laïque :
comment, dans nos cœurs et nos âmes, nous rapportons-nous à quelque chose de plus large que nous-mêmes – simplement pour continuer à vivre
ensemble nos vies ordinaires, quoi qu’il arrive ?
Comment ordonner le chaos de nos passions, de nos croyances intérieures et de notre crise d’identité commune ?
Comment pouvons-nous surmonter ce chaos ? Et surtout, en tant qu’êtres humains ordinaires, pourquoi devrions-nous le faire ?
Interprétée dans le contexte historique et politique des attentats du 15 janvier à Paris, et grâce
à sa profonde et impliquée préoccupation pour les droits de l’homme, la liberté d’expression, de religion et le respect mutuel,
cette série de toiles de Virginie Artaud révèle silencieusement un chemin/palimpseste vers des réponses possibles.
Et interroger la laïcité comme terrain commun des cultures contemporaines françaises et européennes.
Forêt paradisiaque et immaculée, amas de feuilles passantes envahies, visages d’enfants, corps et membres enchevêtrés
dans des lettres sculptées dans le bois et des textures fortement contrastées… les séries d’œuvres de l’artiste
nous racontent une mystérieuse histoire de décence commune – de multiples couches de sens, d’images, de mots et de contexte,
superposées par des techniques modestes, de fines lignes grises foncées, parfois sur le point de disparition
, mais ciblant avec douceur notre réflexion personnelle.
Comme à son habitude, l’artiste s’appuie sur une narration séquencée respectant des images conscientes/inconscientes
et des forces cachées. Le processus jusqu’ici implique une sélection de photogrammes tirés d’une
séquence vidéo de téléphone portable, chacun d’eux recadré hors contexte, dévoilant différents moments d’une
histoire secrète.
Au premier niveau, deux enfants agissant comme pris dans une histoire d’amour innocente. Au deuxième niveau,
l’intimité et l’harmonie capturées dans le regard d’une femme et d’une mère regardant ses enfants jouer.
Le troisième niveau est une réécriture de l’intrigue initiale, recouvrant et sculptant la surface de la toile de réflexions et de citations de personnes questionnant la liberté et la laïcité, leur amour absolu de la vie et de l’humanité au-delà des barrières et des différences religieuses, ouvrant la voie à la sagesse et à une
décence commune de respect et d’attention mutuelle.
S’appuyant sur le contexte des attentats de janvier à Paris, Virginie Artaud pousse à l’extrême son
processus de décadrage/recadrage d’un point de vue visuel et littéraire,ordonnant ce chaos désespéré avec
l’inspiration et l’aide de forces et de valeurs féminines communes et ordinaires.

[1] Galerie Nationale de Bosnie-Herzégovine, Sarajevo (2015).